UN DOSSIER SUR LA «DELINQUANCE JUVENILE»

 

 

                La délinquance intéresse tous les Français qu’ils aient été victimes ou qu’ils craignent de l’être un jour.

 

                La délinquance juvénile les affole car ils suivent bien souvent avec inquiétude leurs enfants en se demandant si un jour les policiers ou les gendarmes ne vont pas les ramener pour quelque affaire de drogue ou de vol…

 

                C’est dire combien les articles ou les dossiers sur la délinquance sont d’actualité. En voici un qui est un modèle du genre.

 

«Dossiers et documents» du Monde – n° 74 d’Octobre 1980

 

                Comme toujours, nous allons d’abord analyser le texte.

 

                Dans une sorte d’éditorial, Monsieur Philippe BOGGIO présente le problème : «La presse dénonce chaque jour les méfaits des jeunes. Le phénomène n’est pas nouveau mais jusqu’ici il était le fait de «chiens sans collier». Les juridictions pour enfants qui ont pour but d’éviter aux jeunes la contamination des adultes auraient-elles failli ? La délinquance juvénile n’est pas plu important en volume qu’il y a cinq ou dix ans mais elle se durcit. On y trouve une motivation romantique. La justice ne sait pas comment se comporter devant cette évolution : faut-il toujours considérer les jeunes comme des délinquants temporaires ou comme des malfaiteurs responsables. Faut-il considérer que cette poussée de violence n’est qu’une façon parmi d’autres de réagir à la crise ? Ces questions n’ont pas trouvé de réponses»…

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                Cet article de Monsieur BOGGIO est suivi d’une série d’autres.

 

Le phénomène. Combien ? D’après le Bulletin d’information du Ministère de l’intérieur, les Polices Urbaines (à l’exclusion des centres) ont relevé de 1978 à 1979 une baisse de 2 % du nombre des affaires où sont impliqués des mineurs mais une augmentation de 15,5 % du nombre des mineurs interpellés. Du racket au meurtre, parricide, homicide gratuit, fugue, etc. Ces articles décrivent quelques faits plus ou moins graves avec des considérations de témoins, de journalistes, de policiers telles que «(les fugueurs)… partent en général à plusieurs. Aucun ne supporte la solitude.

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Pourquoi ? Dans cette deuxième partie, les articles réunis donnent des explications à la délinquance juvénile.

L’urbanisation : il y a 15 ans, la «sarcellite» était associée à l’ennui. Elle est aujourd’hui synonyme de «violence, de délinquance, de drogue, d’enfer»…

Les parents : ils ne savent plus élever les enfants et préfèrent regarder la télévision.

Le déterminisme : les différentes formes de délinquance, le système répressif où ni la victime, ni le bourreau ne se reconnaissent plus comme des êtres humains ont-ils un déterminisme identique ? 13 500 jugements de mineurs en 54, 58 600 en 75… délinquance du profit ou de la consommation qu’engendrent la frustration, le chômage, la révolte des guerres de classe… cri d’angoisse, révolte contre la société…

-          L’ennui

-          Le triple handicap : jeune, chômeur, immigré…

-          Des explications nouvelles : la tentation de consommation, la facilité à se procurer des armes, la multiplication des succursales de banques, la magouille généralisée…

-          Les trois responsables.

 

Cet article de Monsieur Stanislas TOMKIEWICZ, directeur de L’inserm est particulièrement intéressant.

 

«A priori, il y a 3 responsables de la délinquance

-          la biologie (l’individu lui-même)

-          la psychologie (gauchissement des premières relations entre le nourrisson et l’entourage)

-          la société par ses injustices, ses inégalités, l’urbanisation accélérée, ses mécanismes d’exclusion.

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Une réhabilitation des théories sur les inégalités des races entraîne en corollaire une offensive des thèses biologisantes. Aucune preuve scientifiquement valide ne permet actuellement de les étayer… Aucune des grandes enquêtes qui tentent de prouver le caractère héréditaire des troubles du comportement ne résiste à un examen critique attentif. Les variations si importantes du taux de la délinquance junévile en liaison avec les phénomènes politiques (guerre… libération nationale) devraient suffire pour rendre caducs tous les efforts tendant à prouver une causalité linéaire entre les trait biologiques et le comportement élaboré.

 

                Nous ignorons à peu très tout des caractéristiques biologiques… (qui feront le délinquant).

                Aucun modèle univoque ne peut se targuer d’être «vraiment» scientifique et explicatif. Tous sont fortement imprégnés par l’idéologie de leurs auteurs.

 

 

Les réponses de la société

 

Dans cette troisième partie, le dossier rassemble divers articles.

-          L’excuse atténuante de minorité (réduction des peines encourues par les mineurs).

-          Les clubs de prévention

-          Les prisons

-          Le contrôle social renforcé

-          Punir ou traiter, nouvel article de Monsieur TOMKIEWICZ : ni les médicaments, ni les méthodes béhavioristes (punition - récompenses), ni la psychanalyse ne suffiront. Il ne servira à rien de frustrer, de dévaloriser le jeune, d’exiger d’emblée un changement de comportement : pour comprendre et aimer un jour les autres, les jeunes ont un besoin urgent d’être compris et aimés.

 

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Vers la page6

Ce dossier est vraiment extraordinaire et significatif par l’amalgame des questions sans réponse, du flou artistique, des erreurs affirmées en passant comme des vérités d’évidence.

 

La réalité de la «délinquance juvénile»

 

                Elle n’est pas mise en doute un seul instant. On va «étudier» la D.J. sans la définir tellement est grande la force des mots. Le mot existe, donc quelque chose répondant à ce mot doit exister. Mais la D.J. est-elle l’ensemble des délits commis spécifiquement par les jeunes et seulement par eux ou l’ensemble des jeunes de moins de 18 ans qui cessent leurs délinquance le jour de leurs 18 ans ?

 

                Poser seulement cette question, c’est montrer l’inexistence de la D.J. ! Bien sûr un jeune délinquant de 13 ans ne commettra pas de viol, une jeune de 15 ans de fraude fiscale, mais il n’y a pas de différence de nature entre les délits des mineurs de 13 à 18 ans et des jeunes adultes de plus de 18 ans. De même, il y a des délinquants d’occasion et d’habitude chez les mineurs comme chez les majeurs. Nous vous renvoyons là-dessus à l’article…

 

                Monsieur Philippe BOGGIO convient que le phénomène de la D.J. n’est pas nouveau mais qu’il était jusqu’ici réservé aux «chiens sans collier».

Quelle erreur !

   

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Vers la page 7

                Sans remonter aux Papes du Moyen Age qui avaient institué des maisons pour les jeunes criminels, il suffit de se reporter aux débats sur la loi Béranger pour y trouver l’indignation de ceux qui s’opposaient à l’institution du sursis : «Est-ce au moment où des individus de 15 ans commettent des crimes affreux…»

 

                Au 19ème siècle, c’est 3 000 enfants par an que leurs parents amenaient aux gendarmes pour qu’ils soient mis en maison de correction. Au début du 20ème siècle, c’est un bagne pour enfants qui est créé dans l’Ile de Porquerolles. Ces derniers y mettront le feu et l’expérience tournera court avec la mort de plusieurs d’entre eux dans l’incendie !

 

                Voilà donc un faux problème posé, on sait que ce sont les plus difficiles à résoudre.

 

Combien de jeunes délinquants ?

 

                Ce dossier du Monde, après tant d’autres, montre que comme l’avait signalé J.M. KEYNES, on peut raisonner avec précision sur des valeurs qui ne signifiaient rien… (ce qui n’est pas dangereux) ou qui signifient autre chose que ce que l’on croit et là, l’erreur devient dramatique.

 

                Monsieur BOGGIO écrit : «La criminalité des moins de 18 ans, entre 78 et 79 aurait légèrement diminué, passant de 39 796 à 38 992. La délinquance juvénile, en fait, n’est pas plus importante en volume qu’il y a 5 ou 10 ans mais elle se modifie, se durcit.»

 

                Monsieur BOGGIO a cité les statistiques des Polices Urbaines. L’article intitulé «Combien» du 05 avril 1980, cite les mêmes sources, cette fois pour les personnes interpellées (au lieu des faits où des mineurs étaient impliqués) et constate une augmentation de 15,5 %.

 

                Les Polices Urbaines donnent des faits bruts : nombre de faits, nombre de mineurs interpellés. Mais lorsqu’il s’agit d’un dossier d’étude de la criminalité, tout lecteur non averti comprend qu’il y a eu 15,5 % de délinquants juvéniles en plus.

 

                La seule chute du mot «interpellés» change le sens de l’étude. Dire que «le nombre des jeunes délinquants arrêtés» a augmenté n’a pas la même signification que «le nombre des jeunes délinquants a augmenté». C’est sur ces imprécisions de la pensée avant celles du langage que les criminologues comme Monsieur LEAUTE, le CNERP ou Monsieur BOGGO viennent buter avant leurs lecteurs.

   

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Vers la page 8

                Dans le dossier de deux jeunes délinquants que nous étudions par ailleurs, il y a eu 47 jeunes délinquants arrêtés mais deux jeunes délinquants en (intense) activité professionnelle. Quand dans la même ambiguïté, Monsieur BOGGIO continue avec une tranquille assurance par «la délinquance juvénile n’est pas plus importante en volume qu’il y a cinq ou dix ans mais elle se durcit…» veut dire que le nombre des délinquants arrêtés ou identifiés n’a pas augmenté ou que le nombre des délits et crimes commis par les jeunes n’a pas changé ?

 

                Mais quel que soit le sens qu’il veut donner à sa sentence, on est renversé par l’inexactitude du propos.

Un journal peut-il se dire sérieux (sinon «objectif») quand il informe de cette manière ? Quelles statistiques invoquera-t-il ?

 

                Nous ne connaissons qu’une source d’information : «La criminalité en France d’après les statistiques de la Police Judiciaire» éditée chaque année par la Direction Centrale de la Police Judiciaire, 1ère section, Service Central d’Etude de la Délinquance, les autres (Police Urbaines, etc.) étant fragmentaires.

 

                L’évolution au cours des quatre dernières années connues a été la suivante :

   

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1 -                                                                                                              Jeunes de 15 à 18 ans mis en cause

 

                                                                                              1976                        1978                        1979

Grande criminalité                                                                              2 208                      2 816                       3 188

Criminalité moyenne                                                                           13 286                 16 010                      18 997

Délinquance                                                                                    55 237                 62 939                      71 538

 

Total                                                                                                70 731                 81 765                      93 723

 

2 -                      Pourcentage de jeunes de 13 à 18 ans mis en

                      cause par rapport au total des personnes en cause

                                     pour chaque catégorie de faits

 

                                                                                                             1975                        1978                        1979

Grande criminalité                                                                              18,10                       21,41                       22,91

Criminalité moyenne                                                                                           14,15                                   15,46                                16,71

Délinquance                                                                                                    13,49                                   13,73                                 14,84

 

Total                                                                                                                 13,72                     14,22                         15,37

   

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Vers la page 10

On voit ainsi que tant en valeur absolue qu’en pourcentage de la population totale mise en cause, le nombre des mineurs a augmenté dans des proportions proprement inimaginables.

 

Augmentation du nombre des mineurs mis en cause : de 1978 à 1979

 

Grande criminalité                45 %                                                     

Criminalité moyenne                43 %                                                  

Délinquance                         30 %

 

Le nombre des délinquants moyens a augmenté lui aussi mais il est proprement affolant de constater que la criminalité des mineurs a augmenté plus vite que celles des adultes et dans les faits les plus graves encore plus rapidement que dans les autres.

 

                Rappelons que dans la statistique de la Police Judiciaire, la grande criminalité est composée ainsi :

Homicide crapuleux, hold-up, autres vols avec armes, vols avec violence, rapts, prises d’otages crapuleux, racket, proxénétisme par souteneur, trafic de stupéfiants, fabrication de fausse monnaie et faux moyens de paiement, règlements de comptes.

Si une inversion brutale de la tendance n’intervenait pas rapidement, c’est un fait sur quatre de cette catégorie qui serait reprochable à des mineurs.

   

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Notre réponse à la question «Combien ?»

 

Nous allons montrer qu’une réponse approximative mais sérieuse à la question «Combien ?» est possible. De 1972 à 1979, le nombre des mineurs de 13 à 18 ans est passé de 4 269 000 à 4 297 000. Il est donc sensiblement stable. On peut éliminer les filles dont la délinquance est pratiquement nulle. Ile st environ                2 140 000 garçons.

 

                Nous nous trouvons devant deux phénomènes qui se masquent mutuellement (voir notre cahier n° 1) : délinquance d’habitude et délinquance d’occasion. Nous avons établi, pour les adultes que la moitié des faits, les plus graves, sont commis par les délinquants d’habitude.

 

                Si la proportion est la même chez les mineurs (de toute façon la marge d’erreur sera limitée), nous pouvons estimer                - très grossièrement et à titre purement indicatif – que la moitié des délinquants arrêtés, 70 700 à 93 700 en 1980 étaient des délinquants d’occasion (pour lesquels la bijection univoque 1 délit – 1 délinquant existe). Quant aux autres délinquants arrêtés, si nous estimons modérément qu’ils l’étaient 5 fois par an, nous pouvons estimer leur nombre entre (70 700) / 2 x 5 et (93 700) / 2 x 5 soit 7 000 à 9 000… C’est-à-dire un pourcentage infime, dérisoire du nombre des jeunes : 8 000 / 2 140 000 soit 0,3 % !

 

                C’est par des erreurs grossières, une ignorance délibérée de la réalité du phénomène qu’on a ainsi créé de toutes pièces un véritable racisme anti-jeunes, qu’on à mis sur pied une législation contre nature et qu’on se pose des questions… qui n’auront évidemment jamais de réponse.

 

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Vers la page 12

Pourquoi ?

 

                C’est évidemment la seconde question du dossier du «Monde».

 

                Nous ne reviendrons pas une fois de plus sur toutes les causes alléguées de l’urbanisation à l’ennui par le chômage et nous vous renvoyons à nos cahiers précédents pour étudier de plus près l’article de Monsieur Stanislas TOMKIEWICZ, directeur de l’INSERM.

 

                Monsieur TOMKIEWICZ reconnaît trois responsables «dans l’état actuel de nos connaissances et des présupposés idéologiques des auteurs».

 

a)       La biologie qui a fait l’homme «par la constitution de son cerveau, de ses cellules, de ses gènes». Mais tout de suite le directeur de l’Inserm rejette les thèses biologisantes dont «l’offensive se développe». Aucune preuve scientifiquement valide ne permet actuellement de les étayer». C’est bien vrai. Ces thèses ont réuni de nombreux faisceaux de présomptions mais la démonstration scientifique que la disposition à la délinquance est innée n’a pas été faite. Pas encore du moins.

 

L’auteur poursuit : «On a déjà démonté l’inanité des théories liant mécaniquement certaines formules chromosomiques et la délinquance». Le Directeur de l’Inserm a bien raison. Quelqu’un ayant relevé que les trisomiques étaient plus nombreux en prison qu’en liberté avait cru découvrir «le chromosome du crime». On constata bien vite que les trisomiques sont de pauvres diables qui se font prendre à la moindre peccadille pais ne sont jamais de grands criminels alors que ces derniers ont toujours un génotype normal.

 

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Vers la page13

Monsieur TOMKIEWICZ poursuit : «De même, aucune des grandes enquêtes qui tentent de prouver le caractère héréditaire des troubles du comportement ne résiste à un examen critique attentif». Si l’auteur désigne par «trouble du comportement» la propension à des actes délictueux et par «héréditaire» tout caractère qui se transmet des parents aux enfants, nous sommes encore bien d’accord avec lui. Mais si «héréditaire» doit être entendu comme «génétique» ou «inné», c’est-à-dire attaché à la structure la plus intime et caractéristique de l’individu, alors nous nous séparons de Monsieur TOMKIEWICZ. Nous y reviendrons.

 

Et l’auteur poursuit : «Les variations si importantes du taux de la délinquance juvénile en liaison avec les phénomènes politiques (guerres, changements brutaux de région, etc.) devraient suffire pour rendre caducs tous les efforts tendant à prouver une causalité linéaire entre les traits biologiques et le comportement élaboré».

 

                Sauf la réserve ci-dessus à propos de «héréditaire», nous avons été bien d’accord avec Monsieur TOMKIEWICZ et sa rigueur exigeante à propos de l’origine biologique de la délinquance ne nous a pas surpris. Mais soudain, nous ne pouvons le suivre.

 

                Le raisonnement de l’auteur paraît être le suivant : si la délinquance juvénile avait une origine biologique, elle serait sensiblement constante. Or il est manifeste qu’elle varie dans le temps, donc elle n’est pas biologique. Nous regrettons de le dire mais la démonstration est un peu courte !   

 

                Il faut toujours commencer par définir ce dont on parle, ce que Monsieur TOMKIEWICZ ne fit pas avec le concept «délinquance».

 

                Nous avons vu qu’il peut y avoir davantage de délits sans qu’il y ait plus de délinquants – justement dans les périodes troublées (Police et justice désorganisées par exemple).

Une fois de plus, c’est le flou de la terminologie qui trouble le raisonnement. «Il y a plus de «délinquance» donc il y a plus de «délinquants». Eh bien non justement, il n’y a pas de corrélation univoque entre le nombre de délinquants et le nombre de délits. Si les délinquants sont en prison, il n’y a que peu de délinquance. S’ils sont en liberté, tout change.

   

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Vers la page14

                Les efforts des socio-biologistes ne sont donc plus rendus caducs par le raisonnement de Monsieur TOMKIEWICZ, au contraire !

 

b)       La psychologie. Monsieur TOMKIEWICZ en vient à son deuxième responsable. Il le trouve dans «la famille (ou son absence) par le gauchissement des premières relations entre le nourrisson et l’entourage».

 

Là, on croit rêver ! Où est la belle rigueur scientifique du Directeur de l’Inserm à l’endroit des thèses biologisantes ? Plus question de doute, il affirme comme une vérité ce qui est une pure hypothèse gratuite sorte des rêves d’un psychanalyste. Nous défions qui que ce soit de présenter une seule véritable expérience «acceptable comme une preuve scientifiquement valide» mettant en évidence les relations entre le nourrisson et son entourage comme facteur criminogène.

 

Monsieur TOMKIEWICZ poursuit : «Quant au rôle de l’entourage familial, rien ne permet aujourd’hui de distinguer entre ce qui est transmis par les cellules sexuelles et ce qui est induit par l’apprentissage, l’imitation, les frustrations ou les gratifications infligées les relations perturbées d’une manière tantôt évidente, tantôt très subtile».

 

Rien ne résiste de tout cela à une critique attentive ! Ne suffit-il pas de montrer à Monsieur TOMKIEWICZ qu’il est rarissime de trouver plusieurs criminels parmi des frères et sœurs (à part les Rapetout, les Dalton) pour qu’il admette que l’entourage du nourrisson ou de l’adolescent n’a aucun rôle dans le comportement délictueux ! Pourtant frères et sœurs ont bien le même environnement !

   

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Nous avons montré l’inanité des études sur les jumeaux : ils constituent des cas tellement particuliers qu’on ne saurait rien en déduire à propos des autres individus.

 

c)       La société, par ses injustices, par ses inégalités, par l’urbanisation accélérée par les mécanismes d’exclusion qu’elle met en branle…

 

De nouveau, nous ne nous lasserons pas de le répéter, Monsieur TOMKIEWICZ sans aucune rigueur scientifique, sans aucune prudence – alors qu’il en avait tant à l’égard des thèses biologisantes – accueille les vieilles superstitions sur la société sans sourciller ! Peut-il ignorer, puisqu’il parle de criminologie avec toute son autorité de Directeur de l’Inserm, que la délinquance n’est le faut que d’une infime proportion des jeunes et des adultes, sûrement moins de 1 %.

 

Pourquoi ceux-ci et non les autres ? Peut-il ignorer que les délinquants viennent de tous les milieux et que c’est dans les plus favorisés qu’on trouvera les délinquants les plus endurcis !

Enfin, comme feindre d’ignorer que jamais la société n’a été moins injuste, plus égalitaire, etc. qu’aujourd’hui et que si on trouve parmi les plus pauvres et les plus déshérités un infime pourcentage de délinquants, on y trouve aussi de magnifiques exemples de dévouement, d’honnêteté, de désintéressement… Nous demandons publiquement à Monsieur le Directeur de l’Inserm sur quels travaux scientifiques qu’il accepterait de reprendre à son compte, il font ses affirmations sur l’environnement criminogène…

 

                Mais ce n’est pas ce qui est dit, tant par les auteurs réunis par Monsieur BOGGIO que par Monsieur TOMKIEWCZ en particulier qui est intéressant. C’est beaucoup plus ce qui est passé sous silence. Pas un seul de ces distingués auteurs (dont nous ignorons d’ailleurs ce qui les qualifie pour cette recherche) pas un seul n’envisage, fut-ce pour en douter ou pour la rejeter, l’hypothèse que, peut-être, la quasi suppression de la peine de mort, la disparition du bagne, de la relégation, le raccourcissement des peines, l’abandon de l’aggravation des peines lorsqu’il y a récidive, la généralisation du sursis, etc. ont ôté tout pouvoir dissuasif à la société qui n’est plus crédible lorsqu’elle veut se défendre.

 

                Mais cela ne nous étonne pas ; il y a longtemps que nous dénonçons le fait que l’idéologie s’est substituée à la rigueur scientifique en criminologie.

 

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